Le bien-être animal dans la filière porcine

Bien-être et protection des porcs – où en sommes-nous aujourd’hui ?

La France est le 3ème producteur européen de viande de porc avec 2,2 millions de tonnes produites en 2017. Un français consomme en moyenne 28 kg de porc par an, et la viande de porc est la deuxième viande la moins chère pour le consommateur.

Le bien-être des animaux est devenu l’un des enjeux majeurs auxquels est confronté chacun des maillons de la filière porcine. Au-delà des demandes règlementaires de
mises en conformité, il est progressivement perçu comme un moyen d’amélioration continue dans la chaine de production. En effet, sa meilleure prise en compte induit des bénéfices de tous ordres, d’abord pour les animaux, les éleveurs et les salariés, mais aussi pour l’ensemble de l’agriculture, des filières qui s’y rapportent, et plus largement pour la société.

Selon la définition de l’OIE (Office International des Epizooties, soit l’équivalent de l’Organisation mondiale de la santé animale), le bien-être animal résulte de la combination des éléments suivants :

  • Absence de faim, de soif et de malnutrition
  • Absence de peur et de détresse
  • Absence de stress physique et thermique
  • Absence de douleur, de lésions, et de maladie : une bonne santé
  • Possibilité pour l’animal d’exprimer les comportements normaux de son espèce

Il ne saurait y avoir de bien-être des animaux de production sans des conditions de vie et de travail satisfaisantes pour les personnes en charge de leur élevage, transport et abattage. S’est développé ces dernières années le concept « One Health » (une seule santé pour les animaux et les humains) ; il doit en être de même pour assurer un bien-être commun des animaux de production et des éleveurs et acteurs de la filière tout entière (concept « One Welfare »).

Quel est le cycle de vie d’un porc en élevage standard ?

La truie met bas pour la première fois autour d’un an. Elle est élevée en bande (groupe de truies physiologiquement au même stade). La durée de gestation est de 3 mois et 3 semaines et 3 jours. Une semaine avant la mise-bas et pendant l’allaitement, la truie est généralement placée dans un hébergement appelé la salle de maternité. Chaque truie est dans une case avec ses propres porcelets. Les déplacements de la truie sont alors limités pour éviter l’écrasement des porcelets.

En France, les porcelets sont sevrés généralement à l’âge de 28 jours. Une fois sevrés, les porcelets sont séparés de leur mère et regroupés, ils passent d’une alimentation à base du lait de leur mère à un aliment dit premier âge (formulé spécifiquement pour cette période de sevrage). Pendant la période de lactation, la truie est en anoestrus. Le sevrage déclenchera la reprise du cycle ovarien, permettant une insémination artificielle dans les 7 jours post-sevrage. Les porcelets quant à eux resteront en post-sevrage durant une période d’environ 2 mois, puis seront transférés en engraissement jusqu’à l’âge de 6 mois.

Lors de la remise à la reproduction par insémination artificielle, la truie est temporairement placée dans un hébergement individuel afin de faciliter les manipulations et de limiter les chevauchements et blessures. Très rapidement après IA, les truies sont mises en liberté durant leur gestation.

Le comportement du porc

Parmi les comportements normaux du porc, ce dernier a besoin d’exprimer le fouissage : le fait d’explorer avec le groin, mais également le mâchonnement. Il lui est donc nécessaire d’avoir à disposition des matériaux manipulables qui lui permettent de fouir et mâchonner. En pratique, le plus souvent, des chaînes en métal sont à disposition avec des objets qui y sont suspendus (comme du bois ou des jouets en caoutchouc), ainsi que des ballons en caoutchouc ajoutés dans les cases.

Comme la plupart des espèces domestiques, le porc est une espèce sociale qui vit en groupe organisé selon une hiérarchie. Toutefois, il peut avoir tendance à l’agressivité, notamment en cas de stress (lorsque la densité est forte, le groupe est changé, la température varie brutalement, lors de pathologies digestives, etc.). Ces agressions se traduisent par des morsures entre congénères. Le plus souvent, ils se mordent la queue (on parle alors de caudophagie), voire les oreilles ou les flancs. L’origine du déclenchement de ce comportement est multifactorielle donc difficile à corriger. C’est pourquoi l’éleveur (ou autre personnel formé) peut être amené à réaliser l’épointage du fouet de la queue avant 7 jours de vie des porcelets (le plus souvent en pratique entre 2 et 4 jours). De nombreux essais ont été menés pour arrêter cette pratique. A l’heure actuelle, aucun modèle de production ne peut garantir l’absence de cannibalisme.

Il arrive que le porc charcutier mâle produise une viande à l’odeur désagréable. La castration, réalisée entre 2 et 4 jours de vie des porcelets, permet d’éviter ce phénomène et donc que la viande soit détournée de la consommation.

Un cadre réglementaire strict

L’élevage des porcs est très encadré d’un point de vue règlementaire. Le législateur a fait évoluer l’environnement des porcs vers une meilleure prise en compte des besoins de l’espèce, mais également vers un meilleur encadrement des interventions douloureuses comme la castration et la coupe de queue. Des audits BEA sont réalisés par les vétérinaires porcins avec pour objectif d’évaluer le respect des normes demandées mais aussi d’objectiver les améliorations apportées par ces nouvelles mesures bien-être. Des contrôles des services vétérinaires sont réalisés pour vérifier les conditions d’hébergement des animaux, la qualité de l’identification, le bon état général des animaux, les soins vétérinaires éventuellement apportés. Par exemple, lors d’un contrôle, l’inspecteur vérifie que les truies soient bien en groupe et qu’il y ait bien la présence de matériaux manipulables dans les logements.

Les engagements de la filière et les perspectives pour l’avenir

Les Etats Généraux de l’Alimentation ont fait émerger des sujets sur lesquels les éleveurs et la filière s’engagent dans une démarche d’amélioration continue du bien-être animal, notamment :

  • Vers une augmentation de la segmentation du marché : une augmentation de la production de Label Rouge à 12 % et de la production en agriculture biologique à 10 % de la production totale d’ici 2027.
  • Une information de l’origine intégrant des notions de bien-être animal : La filière travaille sur une évolution du logo « le Porc Français », initialement créé pour mettre en avant l’origine française de la viande, de manière à intégrer des critères relatifs au bien-être mis en œuvre par l’ensemble des producteurs porcins.
  • L’élaboration d’outils (application sur smartphone) dans le but d’évaluer le bien-être animal en élevage. Des études et des outils techniques sont en développement pour permettre de mieux prévenir et maîtriser la douleur des animaux
  • Sous l’impulsion de l’Union Européenne, la France s’est dotée fin 2017 d’une stratégie visant à arrêter la pratique de la caudectomie systématique. L’objectif est une meilleure maîtrise des facteurs de risque et une évolution des pratiques en élevage de porc
  • Un arrêt de la castration à vif. Actuellement 3 solutions pourraient être mises en œuvre :
    • L’arrêt de la castration, avec une maîtrise du risque de carcasses odorantes
    • Une castration avec prise en charge totale de la douleur (analgésie et anesthésie)
    • L’immunocastration : une vaccination (deux injections en IM à partir de 60 kg en engraissement) à partir de protéines qui permet de limiter la production d’hormones sexuelles et donc le dégagement d’odeurs dans la viande.

GP-FR-NON-210600007