MSD MAG n°13 – Portraits de vétérinaires, entre passion et business
Sommaire
- DR. Valérie Normand, vétérinaire spécialiste de l’élevage porcin
- DR. Nicolas Delalande, passionné de suivi sportif équin
- DR. Thierry Gouttenoire, vétérinaire 100% rural !
- DR. Dominique Balloy, passionné par la volaille
- DR. Joëlle Finez-Leteuner, un engagement fort en canine
- DR. Annie Sigognault Flochlay, une carrière internationale en R&D
- DR. Emmanuel Risi, la passion des « espèces inhabituelles »
DR. Valérie Normand, vétérinaire spécialiste de l’élevage porcin
- Diplômée ENV Nantes en 1997, cursus productions animales en 4ième année
- A toujours voulu faire sa carrière en productions animales
- Son coup de foudre avec le cochon vient d’une rencontre avec Patrick Pupin en 1997 dans le cadre de son cursus à l’Ecole Vétérinaire de Nantes
- Débute son activité en filière porcine en 1998 dans le cabinet vétérinaire de Jean-Pierre Alno.
- CEAV de gestion de la santé et de la qualité en médecine porcine en 2004
- Résidant depuis novembre 2015 pour devenir spécialiste européen en médecine porcine.
- Le cabinet Porc.Spective fait partie du groupe vétérinaire Chêne Vert Conseil depuis 2012, qui compte 16 vétérinaires exerçant en élevages porcins.
« Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être vétérinaire en productions animales. Mes parents étaient éleveurs de vaches laitières, j’ai donc très vite compris que le vétérinaire avait un rôle majeur à jouer en préventif dans les élevages. »
Devenir vétérinaire porcin était un choix réfléchiLe vétérinaire porcin travaille peu dans l’urgence, il a le temps de mesurer les décisions qu’il prend, et les résultats de son action, car le cycle est assez court. Par ailleurs, la médecine porcine est intéressante ; la compréhension et la préservation de l’état sanitaire des reproducteurs et la zootechnie sont des points clefs pour assurer la santé globale du troupeau. Ce sont les deux points qui me passionnent.C’est vrai que la filière porcine souffre de son image mais nous travaillons avec les autres acteurs de la filière à redorer cette image, notre mission est d’être garants de la santé et du bien-être des porcs.
Notre métier évolue sans cesse
J’ai la chance de travailler au sein d’un groupe où je me sens bien, où nous faisons évoluer les pratiques, nous approfondissons nos connaissances. Il y a un proverbe africain qui dit « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », c’est exactement ce qui se passe pour nous.Je n’exclue rien a priori, car la profession est amenée à changer dans les années à venir, au vu de la courbe des âges des éleveurs, de la restructuration des élevages, avec des tailles d’élevages qui vont probablement être multipliées par 2 ou 3 dans les 10 ans à venir. Il faudra former les équipes, les accompagner pour acquérir d’autres compétences, tout est possible !
Et si c’était à refaire ?
Je ne suis pas une femme de regret, je suis une passionnée, je regarde devant plutôt qu’en- arrière, et j’ai la chance de faire partie d’un Groupe au sein duquel je peux continuer à avancer ! Néanmoins, pour répondre : je travaillerais sans doute plus sur le management des hommes, on n’apprend pas ça dans les écoles vétérinaires et c’est pourtant essentiel !
DR. Nicolas Delalande, passionné de suivi sportif équin
- Diplômé ENV Nantes en 2001
- Installé en Touraine, dans une clinique mixte canine/équine de 5 vétérinaires, 2 associés et 3 salariés
- Le suivi orthopédique de chevaux de sport représente 90% de son activité
« Une bonne journée c’est aussi tout simplement la satisfaction de revoir un cheval qui va bien suite aux soins qu’on lui a prodigués, et un cavalier heureux. »
De cavalier à véto équin : une route toute tracée ?
Dans mon cas, pas tant que ça ! Véto, j’y suis venu un peu sur le tard. Cavalier depuis toujours, je me suis d’abord orienté vers un BTS productions animales. Suite à un stage à l’INRA de Nouzilly en reproduction équine, j’ai décidé de passer le concours véto, avec au départ plutôt la volonté d’exercer en rurale.A l’école, peu d’étudiants connaissaient bien les chevaux. Dès qu’il y en avait un en consultation, il était pour moi ! De fil en aiguille, j’ai poursuivi dans cette voie. A mon arrivée en Touraine, la rurale déclinait peu à peu dans la région. J’ai donc commencé à développer l’équine. Elle représente aujourd’hui plus de la moitié de notre activité, avec quasi exclusivement pour moi du suivi orthopédique de chevaux de sport.
Suivre des athlètes : mon moteur au quotidien
Lors de ma première expérience professionnelle dans une clinique équine en région parisienne, j’ai eu l’occasion de travailler pour les ventes Fences*. Cela a été l’occasion d’aller découvrir de jeunes chevaux prometteurs en France et à l’étranger, et le suivi orthopédique des chevaux de sport.C’est une activité et une clientèle exigeantes, mais j’aime ce domaine, qui est passionnant. Le suivi sportif, c’est très motivant. J’adore regarder les chevaux bouger, et me dire que celui que je viens de voir en visite d’achat passera peut-être à la télé dans quelques années. On contribue à faire vivre un rêve !
Vétérinaire en équine : toujours sur le pont
En tant que vétérinaires, nous avons la chance d’exercer un métier agréable, qui jouit d’une bonne image, et qui nous permet de gagner notre vie. Etre son propre patron a également des avantages. Cependant, jongler entre l’activité quotidienne, la plupart du temps dans l’urgence, et gérer une entreprise est souvent difficile. Je souhaiterais avoir plus de temps pour me poser et échanger avec mes collègues, ou pour travailler des sujets de fond. Le quotidien nous rattrape toujours et peut être source de lassitude. L’avenir est probablement au regroupement de cliniques entre elles, afin de pouvoir mieux déléguer et répartir le travail.
De nombreux projets pour l’avenir
Nous avons en projet de construire une nouvelle clinique plus grande afin de pouvoir encore améliorer l’accueil de nos clients et leur proposer de nouveaux services, avec notamment la possibilité d’hospitaliser des chevaux sur place. J’aimerais également continuer à développer des compétences parallèles à mon métier de soignant, comme par exemple en management, en négociation. Dans l’immédiat, je me consacre à des projets plus personnels puisque je viens tout juste d’être papa !
*L’agence Fences organise des ventes aux enchères de jeunes chevaux de sport. Depuis sa création, plus de 6000 chevaux venant de toute l’Europe ont été vendus à des acheteurs de plus de 40 pays. La sélection y est rigoureuse avec, entre autres, des examens cliniques et radiographiques pointus réalisés par des vétérinaires agrées par l’agence pour chaque cheval proposé à la vente.
DR. Thierry Gouttenoire, vétérinaire 100% rural
- Diplômé ENV Lyon en 1992
- Petit-fils d’éleveur, arrière-petit-fils, petit-fils et fils de commerçant, a choisi un métier indépendant avec un rôle important en milieu rural !
- Vétérinaire 100% rural en Haute Auvergne depuis sa sortie de l’école
- Cabinet de La Tour d’Auvergne
« Avoir toujours de nouveaux métiers à développer, c’est source d’enrichissement et de bonheur tous les jours ! »
Devenir rural, une conjonction d’éléments et une révélation !
La présence régulière aux côtés des animaux durant mon enfance et mon adolescence, mon grand-père était éleveur de chevaux, m’a conduit à penser que j’avais (de mon point de vue) un bon contact avec les bêtes. Le choix de vétérinaire s’est imposé. J’étais attiré par la médecine mais aussi à l’époque par le côté élitiste, le standing de cette profession et un point très important pour moi le fait d’être indépendant (héritage familial). Sans oublier, le côté ‘multifacette’ qui est source d’enrichissement et de bonheur tous les jours.Le choix de la rurale vient de mes stages. Choix confirmé par une révélation en Haute Auvergne : une nature omniprésente, une concentration exceptionnelle de bovins, une rencontre avec un vétérinaire à La Tour d’Auvergne et une chose importante pour moi, une grande partie de la clientèle dans une zone AOP Saint Nectaire au lait cru.
Mon moteur quotidien : les éleveurs !
Ce qui m’anime au quotidien a évolué depuis 25 ans. Pendant 10 ans, c’était la satisfaction de soigner l’animal et d’exercer l’art vétérinaire. Aujourd’hui, je me lève tous les matins pour être en contact avec mes clients. J’ai conscience d’être utile, de leur apporter quelque chose qui influence leurs revenus. Nous sommes un peu les garants de la santé de leur cheptel, de la quantité et de la qualité de leurs productions. Nous avons un rôle important à jouer en milieu rural, c’est un vrai moteur. Et les éleveurs nous le rendent bien !
Le métier s’est transformé en 25 ans, ça motive !
Dans les années 90, nous faisions beaucoup de petites visites de première intention : la 1ère diarrhée, la 1ère toux, la petite mammite. Aujourd’hui nous intervenons en 2ème intention le plus souvent ! La nouvelle génération d’éleveurs a une charge de travail importante, ils veulent aller vite, bien faire et ne laissent plus grand-chose au hasard, c’est une opportunité pour nous ! Nous avons là un travail de conseil qu’ils acceptent avec une bonne écoute. Le conseil, cela demande de se former, d’aller le proposer aux éleveurs et de le vendre. C’est un nouveau champ d’application de notre métier. Changer de métier, c’est motivant, cela pousse à se former et à aller de l’avant ! Pour se former et avoir plus de temps, nous sommes maintenant en GIE. Nous travaillons à avoir un GTV local fort et actif, à avoir des échanges réguliers avec les OPA, le GDS en particulier.
Aux jeunes générations : patience et spécialisation !
J’ai eu la chance d’être attiré tout de suite par les éleveurs et la rurale. Aujourd’hui les jeunes sont des généralistes mais cela va être difficile qu’ils fassent tout très bien. Je pense que les 10 premières années sont celles de l’expérience pour parvenir ensuite à faire ses choix. Pour moi, le fait d’être un bon généraliste au début est un vrai atout mais on doit tendre indéniablement vers une spécialisation !
Dans 5 ans j’aurai encore évolué !
Dans 5 ans, je serai toujours là aux culs des vaches ! La rurale nous portera encore ! Mon métier a évolué en 25 ans et il faut toujours évoluer. J’étais médecin individuel, je suis aujourd’hui en charge de la santé du troupeau. Je suis également comptable, gestionnaire d’entreprise. J’ai appris à être acheteur et à être vendeur. Je propose mes services et je les vends. Je suis de plus en plus manager pour faire évoluer les équipes. J’ai appris un nouveau métier important : la communication d’entreprise. Dans 5 ans, je serai donc toujours associé dans cette magnifique structure. On trouvera des jeunes en se rendant attractifs et en leur donnant envie de nous rejoindre dans notre projet d’entreprise. Comme le dit Pierre Mathevet, les nouvelles générations, c’est elles qui ont raison car c’est elles qui seront là demain ! Ces jeunes sont différents mais ils sont surprenants et c’est en fait un plaisir de travailler avec eux ! Dans 5 ans, le vétérinaire devra être encore plus un vrai manager avec une vision d’entreprise à court et moyen terme.Si je pouvais recommencer, je le referais 25 fois ! Je ne regrette pas mes choix. C’est un véritable plaisir tous les jours.
DR. Dominique Balloy, passionné par la volaille
- Diplômé de l’ENV de Maisons-Alfort en 1983
- Fait son service militaire à la garde républicaine à Paris, CES de bactériologie et virologie
- Devient praticien mixte dans le nord de la France
- Entre chez Labovet pour faire du porc… et découvre la volaille !
- Expert en aviculture en France et à l’étranger.
- Il est référent auprès des institutions françaises, Président de la commission volaille des Groupements Techniques Vétérinaires.
« Un vétérinaire avicole a des relations humaines importantes, en interne, avec les vétérinaires et les collaborateurs du cabinet, mais aussi en externe avec les différents clients »
La volaille, une belle surprise, liée au hasard !
Ce n’était pas un choix, j’ai découvert par hasard la volaille, et ça a été une belle surprise ! Comment faire le choix de la volaille quand on ne connait pas ? J’avais envisagé pas mal de possibilités, en production animale principalement, mais la volaille ce n’était pas envisageable … Et pourtant, cela fait 32 ans que je travaille dans ce secteur ! Lorsque j’étais étudiant à Alfort, j’ai découvert la filière porcine à travers un stage à Ploufragan. C’était intéressant de travailler en élevage, de jouer sur les paramètres qui peuvent améliorer la santé des animaux. La pathologie, c’est enseigné à l’école, les paramètres d’élevages ça a été une découverte : j’ai adoré la production porcine ! J’ai commencé ma vie professionnelle en praticien mixte dans le nord de la France, mais j’avais aussi envie de mettre à profit mes connaissances labo, je suis donc entré chez Labovet pour faire du porc. Mais on m’a demandé de travailler en volaille. Ma première réponse a été « Ça ne m’intéresse pas mais on m’a rétorqué « Essaye donc ». Ce que j’ai fait, et je n’ai pas regretté ! En aviculture, chaque filière a sa particularité : la production bio est un modèle dont on a besoin, les gros éleveurs de pondeuses également, il faut aussi pouvoir produire à des coûts maitrisés. Et puis il y a aussi les couvoirs, les abattoirs, la filière chair et sa diversité. Dans le modèle volaille, il y a de la place pour tous. Tout est différent, mais tous peuvent cohabiter. C’est ce qui fait aussi l’intérêt de l’aviculture.
C’est l’aventure d’entreprise qui me motive
Labovet, c’est une PME, c’est d’abord un cabinet vétérinaire qui réalise des soins et fait des prescriptions. Mais nous développons aussi des services, une activité d’expertise, des formations et du conseil. Ça dépasse l’activité du vétérinaire. Et à travers cette expérience entrepreneuriale, c’est surtout les relations humaines qui me motivent ! J’ai également la chance de pouvoir m’ouvrir vers d’autres pratiques grâce à l’activité de conseil à l’étranger que j’ai développé : depuis plusieurs années, j’interviens en Pologne, Espagne, Afrique du Nord, Moyen Orient, Amérique du Sud, Asie… c’est aussi là que j’ai appris une partie de mon métier, c’est une immense richesse.
Un message pour les générations à venir
Le métier de vétérinaire en volaille est très peu connu. En France, nous comptons environ 150 vétérinaires qui travaillent en volaille. Ils interviennent dans différentes filières : chair, ponte, mais aussi en couvoirs.
C’est un métier qui évolue dans un environnement humain riche et varié. Pour les jeunes je dirais qu’il faut franchir le pas. C’est une découverte, mais c’est passionnant. Il ne faut pas hésiter à saisir ces opportunités !
DR. Joëlle Finez-Leteuner, un engagement fort en canine
- Diplômée ENV Nantes en 1983, fait partie de la première promotion, qui ne comptait que 15% de filles !
- Quelques remplacements en rurale après ses études, puis orientation vers une activité canine.
- Construit sa clinique en 1996 à Cuincy (Nord)
- Spécialisation en comportement animal et obtention du diplôme inter-école en 2000
- Présidente de l’AFVAC Nord pendant 6 ans.
- A fait partie de l’administration d’Alcyon pendant plusieurs années et est administratrice au SNVEL.
« L’envie d’engagement professionnel m’a, depuis longtemps, animé, je suis convaincue que notre profession est plus forte ensemble.»
Pourquoi avoir choisi la « canine » ?
L’activité en canine n’était pas mon souhait premier, mais la combinaison de recherche du diagnostic médical, l’application économique et « l’affectif » m’ont finalement convaincue.
Je me rappelle de mon premier jour de remplacement autonome. J’avais dû intervenir sur un chat bouché. Mes sentiments étaient contradictoires. Je me suis dit « Tant d’années pour faire de la plomberie ! » et le cas était tout de même difficile. C’est ce qui me plait dans mon métier : on travaille avec du vivant, il ne faut pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis. La motivation est essentielle ! Lorsque j’ai ouvert ma première clinique, le bâtiment était juxtaposé à mon domicile. Les gardes étaient 24h/24, la question d’équilibre vie personnelle/vie professionnelle ne se posait même pas.
En 1996, ma clinique a déménagé à Cuincy (Nord). J’avais réfléchi les plans du bâtiment et dédié un espace important, ou du moins considéré comme tel il y a 20 ans, au stockage de l’alimentation et installé dès l’ouverture des tables humides.
Cette envie d’exister en tant que clinique et en tant qu’entreprise me motive vraiment depuis la création.
La pratique quotidienne a considérablement évolué !
Au début de ma carrière, soigner un chat était comme soigner un NAC aujourd’hui ! La pratique, les connaissances scientifiques se sont développés chez l’espèce féline, tout comme elles le font progressivement chez le NAC désormais. Grâce à cette évolution de l’animal au sein du foyer, de nouvelles portes se sont ouvertes.
La curiosité médicale qui m’a poussée à devenir vétérinaire, ainsi qu’un attrait pour la psychologie m’ont fait m’intéresser au comportement animal. Voir des animaux malades de leur relation avec leur maître m’a donné envie d’agir. Je me suis spécialisée en comportement et j’ai obtenu le diplôme inter-école en 2000. Cette discipline a mis du temps à acquérir ses lettres de noblesse mais elle s’est fait reconnaître petit à petit. Aujourd’hui, en plus de ma clientèle généraliste, je reçois des cas référés en comportement.
Nos clients sont de plus en plus exigeants, d’où la nécessité de répondre ensemble à leurs attentes
En 30 ans de pratique, j’ai vu l’évolution de nos clients. Auparavant, nos actes n’étaient pas remis en cause, aujourd’hui, ils attendent proximité, gentillesse et attention et sont en permanence à la recherche du meilleur rapport qualité/prix. Leur confiance est aujourd’hui, à mes yeux, plus difficile à gagner. Ce constat me convainc qu’il est nécessaire d’être ensemble pour y faire face. Dès mes débuts en tant que praticienne, j’ai été séduite par l’esprit de convivialité et l’apport scientifique perpétuel des congrès, et j’ai été présidente de l’AFVAC Nord pendant 6 ans ! J’ai fait partie de l’administration d’Alcyon pendant plusieurs années et je suis administratrice au SNVEL.
Un conseil pour un jeune vétérinaire ?
En sortant de l’école, il y a encore tant de choses à apprendre, et ce pendant toute la carrière ! N’ayez pas froid aux yeux, foncez ! Les vétérinaires qui sont là n’hésitent pas à partager, et c’est là une beauté de la profession.
Après toutes ces années de pratique, l’envie est toujours là. L’envie d’explorer toutes les facettes restantes, l’envie de s’engager pour la profession mais aussi l’envie de faire bien et de le montrer à nos clients. Il y a encore tant de choses à construire !
DR. Annie Sigognault Flochlay, une carrière internationale en R&D au sein de l’industrie pharmaceutique
- Diplômée ENV Nantes en 1991, spécialisation en Buiatrie.
- A fait véto pour faire sa carrière en clientèle en canine … jusqu’en 3ème année où elle se sent plus intéressée par les espèces de rente et en particulier par le secteur de la production animale.
- Envie d’entrer dans l’industrie des productions animales à la sortie de l’école. Débute à l’ANSES à Ploufragan dans une fonction en relation avec l’ensemble des intervenants de la filière avicole.
- Débute sa carrière dans l’industrie en 1992 en soutien technique et marketing chez Cyanamid Nutrition Animale.
- Rejoint la R&D en 1994, lors du rachat par Fort Dodge avec un poste à l’international.
- Entre chez Intervet en 2003 en tant que chef de projets
- Actuellement Directeur de projets de développement chez MSD Animal Health, basée au siège social aux US, à Madison
- Diplômes complémentaires : DEA Biologie et Agronomie / CESAM statistiques
« Travailler dans un environnement international, multiculturel, au sein d’équipes diverses est une vraie motivation au quotidien »
Pourquoi choisir de travailler en R&D ?
J’ai surtout saisi une belle opportunité qui démontre que la vie professionnelle offre des choix prometteurs, au bon moment ! Ce dont j’avais vraiment envie, c’était de travailler à l’international en interface avec tous les métiers d’une entreprise, et la gestion de projets de développement au sein du département Recherche & Développement (R&D) a répondu à ce besoin.
Que faites-vous au quotidien ?
J’ai une fonction qui est très variée, et aucune journée de travail n’est semblable à une autre !J’ai la responsabilité du développement de programmes de R&D mondiaux, de la phase de pré-projet aux autorisations de mise sur le marché et au lancement. Pour cela, je manage une équipe projet internationale basé sur différents sites dans le monde, qui comprend des experts en formulation, en analytique, en pré-clinique et clinique, mais aussi des spécialistes réglementaires, légaux, des responsables de production et de marketing et des parties prenantes externes. Je suis vraiment l’interface entre la R&D et les autres fonctions globales, et je reporte directement à l’équipe de Direction mondiale R&D. D’autre part, je représente MSD Animal Health dans des réunions internationales scientifiques. Bref, c’est passionnant !
Où vous voyez-vous dans 5 ans ?
Je n’exclue rien à priori, j’ai envie de continuer à apprendre en acquérant de nouvelles connaissances, de mettre à profit mes compétences au service de métiers différents dans l’entreprise. La découverte, l’envie de me faire plaisir, et le contact avec des équipes diverses est un moteur de motivation important pour moi, nous avons la chance d’avoir un panel de métiers très importants dans l’industrie, tout reste ouvert !
Si vous pouviez recommencer ?
Je referais le même type de parcours. J’ai toujours aimé mon travail et pris du plaisir à le faire.J’ai la chance de travailler à l’international, j’ai découvert la R&D et l’excitation de la création d’un produit avec une équipe. C’est une aventure sur le long terme, comme piloter un navire en maintenant un cap pour s’assurer qu’il arrive à bon port– ça crée de la passion et c’est une aventure humaine parsemée d’embuches qu’il faut surmonter, ce que l’on ne peut faire qu’en équipe !
DR. Emmanuel Risi, la passion des « espèces inhabituelles »
- Diplômé ENV Nantes 1999
- Exercice à Nantes et partout en France
- Création d’ExzooticVet en 2014, transformé en Faunevet co-fondé avec Dr Romain Potier
- Faunevet est basé au CHV Atlantia et assure une activité NAC, en plus de ses consultations externalisées dans de nombreux parcs zoologiques 7/7 jours.
- Faunevet est une entreprise unique en France puisqu’elle s’adresse à la fois aux NACs et à la faune sauvage, sur site et au sein d’un CHV.
« Je passe de l’ours à la tortue dans la même journée. Il n’y a pas de routine. »
Comment êtes-vous devenu vétérinaire NAC ?
Comme beaucoup, j’ai rêvé en regardant Daktari à la télé (rire). Ma première approche des espèces inhabituelles s’est concrétisée lors de ma thèse sur la vaccination des tigres et des lions, qui m’a ouvert les portes du monde des zoos. Dans le même temps, j’apportais mon aide au Centre de Soins de la faune Sauvage de l’ENVN.En 1998, le naufrage de l’Erika et la catastrophe écologique qu’il a provoquée m’ont propulsé au poste de directeur du Centre de Soin. Ensuite, j’ai vécu l’arrivée des « NACs » (qu’on appelle à Nantes « espèces inhabituelles ») à l’Ecole auprès du Pr Bourdeau en charge de cette activité à l’ENVN. Mon intérêt dans ce domaine, qui était encore à l’époque, largement inexploré, ne s’est jamais démenti. La variété des cas, est une vraie source de motivation au quotidien. J’aime bouger, et, au-delà, j’apprécie beaucoup mes contacts avec les éleveurs d’animaux, les gestionnaires de parcs zoologiques, les animaleries.
Quand avez-vous décidé de « voler de votre propres ailes » ?
En 2008, l’envie d’autonomie et l’occasion d’intégrer l’équipe du CHV Atlantia m’ont poussé à créer Exzootic Vet età exercer comme consultant privé. En 2014, j’ai pris un nouveau virage en tant qu’entrepreneur : ExzooticVet s’est transformé enFaunevet, en m’associant au Dr Romain Potier. FauneVet comprend aujourd’hui 2 vétérinaires cogérants, 2 Vétérinaires salariés, 2 ALD et 2 ASV spécialisées NAC. Nous possédons aussi 3 véhicules équipés, dont des appareils de radiographie, d’échographie, d’endoscopie et d’anesthésie portables pour les visites en parcs zoologiques.
Quels sont les principaux défis auxquels vous avez été ou vous êtes confrontés ?
Le challenge, c’est de rendre rentable une structure entièrement dédiée aux espèces non conventionnelles. C’était un pari risqué. Il fallait trouver le bon endroit, la bonne équipe, la bonne orientation, et que nous partagions les mêmes ambitions, mes collaborateurs, les confrères du CHV Atlantia et moi-même… Je travaille donc avec mon associé Romain Potier, au sein d’une très belle « équipe FauneVet », entouré d’une très bonne « équipe Atlantia », partenaire et motivée. C’est le bon équilibre, en terme de qualité de travail, de compétences et d’interactions. Et c’est cela qui rend notre entreprise efficace.
Investir et faire croitre le projet et l’équipe m’enthousiasment énormément
Je n’imagine pas l’avenir sans garder une activité clinique de terrain, essentielle au bon développement global de FauneVet. J’aimerais m’investir plus dans la communication et le marketing pour faire grandir Faunevet et créer peut-être des annexes ailleurs en France…
Si vous deviez recommencer ?
L’un de mes regrets est d’avoir manqué de temps pour me former encore plus. Aujourd’hui le temps passé en clinique et en gestion ne laisse plus beaucoup d’options de formations dans ce domaine en perpétuel développement scientifique.Paradoxalement, j’aurais aussi aimé avoir le courage de rentrer plus vite dans cette « niche », où je m’épanouis, car je m’aperçois que la demande est importante, tant en NAC qu’en parcs zoologiques. Mais créer une structure d’un nouveau type nous confronte forcément à un manque d’encadrement et de conseils par nos pairs, faute d’expériences semblables ailleurs…
Ma vie de délégué : Ose !!
Ma vie de déléguée vétérinaire chez MSD Santé Animale, c’est une histoire de famille, plus encore c’est presque une histoire d’ADN tellement c’est dans mes tripes. Et oui rien que ça !Mon père était vétérinaire (mais il ne soufflait pas dans des tubes en verre ;-)).Un jour il a débarqué chez mon grand-père en tant qu’aide. Admiratif de cet homme si chaleureux, il est tombé sous le charme de sa famille et a épousé sa fille, ma mère.Un de mes clients aujourd’hui, « aide » lui aussi chez mon grand-père, se rappelle de moi haute comme trois pommes grignotant quelques croquettes à la clinique. Vous n’avez jamais goûté ?
C’est avec mon grand-père que j’ai les meilleurs souvenirs de cette enfance privilégiée.
Je l’accompagnais avec tant de plaisir. Même en prophylaxie dans les porcheries. Quelle odeur pourtant ! Quel vacarme aussi ! Quelle belle sensation d’être Attendus, Accueillis !Il venait me chercher dès la sortie du collège et nous partions sur ses p’tites routes. Le week-end j’avais la primeur des vêlages, agnelages, poulinages … Le soir je dévorais « Des clients de tout poil » de James Herriot.Je devais avoir à peu près 11 ans lorsque mon père a quitté la clientèle pour intégrer l’industrie pharmaceutique.Au travers des yeux de mon père, j’ai découvert un univers inconnu : l’Entreprise à grande échelle. Exaltant ! C’était enivrant vu de notre cambrousse. Il faut avouer aussi que mon père était un orateur exceptionnel ! Un univers fait de renouveau, extrêmement enrichissant, dynamisant. Rempli de découvertes, de « je me réinvente », d’envie de plus, de mieux, de Plaisirs !! De Partages !!Ce ne serait pas trop de dire que ses yeux étaient la nuit et que nous y voyions des étoiles… J’ai mené ma petite vie. Post adolescence compliquée d’une enfance qu’on n’a pas envie de quitter. Faut dire que c’était bien. Enfant gâtée que je suis !Et la vie continue…
37 ans, une rencontre étonnante, un recruteur, déléguée vétérinaire … Heu, OUI !!
Ma première année fut passionnante mais moins que la deuxième. Mon père venait de décéder, chaque client me faisait penser à lui. Rien n’arrive par hasard. J’avais besoin de vivre mon père.
Aujourd’hui je ne pourrais plus changer de métier. J’ai les étoiles.
Ces étoiles ce sont mes collègues, bosseurs, éthiques, joyeux lurons, visionnaires, attentifs, mes clients aussi. Ils me rappellent que c’est ainsi que chacun rêve de vivre son travail.
Valérie Bouchet, déléguée vétérinaire