Travailler avec la mort, comment prévenir la fatigue compassionnelle ?

La fatigue compassionnelle : le poids de l’empathie

La fatigue compassionnelle se définit comme un épuisement émotionnel provoqué par l’empathie constante envers la souffrance des autres. Pour les vétérinaires, ce phénomène est présent car ils sont régulièrement exposés à des situations émotionnellement intenses, comme l’euthanasie, les maladies graves et les décès imprévus. Cet épuisement n’épargne pas les asv ayant un rôle crucial dans le processus d’euthanasie, allant de l’accueil des propriétaires à la préparation du matériel, en passant par l’assistance au vétérinaire. À la différence du burn-out, qui est lié à la surcharge de travail, la fatigue compassionnelle trouve son origine dans l’engagement émotionnel constant envers les patients et leurs familles. En conséquence, elle affaiblit la capacité des soignants à continuer à ressentir de l’empathie, conduisant souvent à un détachement émotionnel progressif.

Les études montrent que certains vétérinaires et ASV sont plus à risque que d’autres. Par exemple, une enquête récente révèle que 25,7 % des vétérinaires en pratique (mixte canine-équine) présentent des signes de fatigue compassionnelle, une proportion significative comparée à d’autres spécialités. Cette vulnérabilité accrue s’explique par le lien émotionnel fort que les vétérinaires et leurs équipes tissent avec leurs patients et par la diversité des situations stressantes auxquelles ils sont confrontés. Ce risque ne doit pas être sous-estimé, car la fatigue compassionnelle est souvent la première étape vers un burn-out plus profond, si elle n’est pas identifiée et traitée à temps.

Comment la gérer ?

Lorsqu’elle est déjà installée, la fatigue compassionnelle nécessite une approche proactive pour éviter qu’elle ne dégénère en épuisement professionnel. En voici quelques clés :

  • Créez un environnement de travail favorable au bien-être est essentiel pour gérer la fatigue compassionnelle. Il faut veiller à aménager des espaces où les équipes peuvent se ressourcer, comme des salles de repos dédiées ou des pauses régulières planifiées ;
  • Instaurez une culture de dialogue permettant aux équipes vétérinaires de partager leurs expériences difficiles avec leurs collègues, de se sentir soutenus, et de réduire l’isolement émotionnel. Une équipe soudée est mieux équipée pour surmonter les défis émotionnels liés à la pratique vétérinaire ;
  • Fournissez un soutien psychologique adapté aux vétérinaires avec un accès à des consultations régulières avec des professionnels spécialisés dans la gestion des émotions. Ces séances permettent de libérer la charge émotionnelle accumulée et d’éviter que les émotions négatives ne s’ancrent profondément. De plus, les vétérinaires qui bénéficient de soutien psychologique développent souvent de meilleures compétences pour gérer les émotions des autres tout en protégeant les leurs ;
  • Soulagez la personne souffrant de fatigue compassionnelle en allégeant son planning des situations émotionnellement difficiles. Pour cela vous pouvez répartir ces tâches aux autres vétérinaires sur un temps donné pour ensuite les répartir à la totalité des vétérinaires.

Bien que ces actions soient essentielles pour aider les vétérinaires déjà touchés, il est tout aussi important d’agir en amont pour prévenir l’apparition de ce syndrome.

Comment la prévenir ?

La prévention de la fatigue compassionnelle repose avant tout sur une gestion proactive du bien-être au travail. Encourager un environnement de travail bienveillant est l’une des stratégies les plus efficaces pour limiter l’apparition de ce syndrome. Cela implique de :

  • Sensibilisez et informez votre équipe à la fatigue compassionnelle grâce à des formations spécifiques comme des sessions sur l’empathie, le deuil, ou la gestion du stress ;
  • Promouvez une culture d’entreprise où chacun se sent libre d’exprimer ses émotions. Les asv et vétérinaires doivent pouvoir parler sans crainte de jugement de leurs ressentis face à la mort et à la souffrance animale. Le soutien des collègues est fondamental pour maintenir une santé mentale saine dans la clinique. Il en va de même pour les erreurs médicales que nous avions vu dans cet article.
  • Encouragez activement votre équipe à prendre soin de son bien-être non seulement au travail, mais aussi en dehors. Incitez-la à s’engager dans des activités bénéfiques pour sa santé mentale et physique, telles que le sport, la méditation, la cohérence cardiaque ou encore une activité artistique.

La fatigue compassionnelle peut être un défi pour les équipes vétérinaires, mais elle peut être gérée et, surtout, prévenue avec des stratégies adaptées. La clé réside dans une approche proactive où le bien-être émotionnel des équipes est une priorité. Quelles pratiques pourriez-vous mettre en place dès aujourd’hui pour préserver le bien-être de vos équipes face à la charge émotionnelle de leur métier ?

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